Espèce phare du genre avec ses fleurs immenses et son parfum étourdissant, Stanhopea tigrina fût une des premières du genre à être décrite par Lindley à l'instar d'autres espèces mexicaines comme Stanhopea oculata ou Stanhopea saccata qui fleurirent pour la première fois en Europe dans les années 1830.
Stanhopea tigrina fût collectée par Henchman dans la région de Xalapa, état de Veracruz au Mexique. Elle fleurit quelques années plus tard dans les serres de Bateman en Angleterre en 1837.
Le mésochile est très court et aboutit sur deux cornes épaisses, falciformes, terminant en pointes effilées et divergentes.
L'épichile présente la particularité d'être trilobé et canaliculé à son apex. L'ouverture formée par les deux cornes, l'épichile et la colonne sont de même dimension quelque-soit la taille de la fleur (Jenny 2010), permettant à Euglossa viridissima, son pollinisateur de féconder n'importe quelle forme de l'espèce.
La colonne est dotée de deux larges ailes latérales, translucides, aux marges parfois ondulées.
Son parfum est étourdissant, au sens propre et figuré du terme. La résine produite est dominée par l'acétate de phényléthyle à plus de 90%, un composé chimique utilisé dans la parfumerie pour apporter des notes pêches-abricot ou dans les spiritueux pour apporter une note fruité. Les autres substances sont l'acétate de benzyle, à l'odeur caractéristique du jasmin ainsi que le salicylate de méthyle, à l'odeur de pomme sure. Le salicylate de méthyle est utilisé non seulement dans l'industrie alimentaire pour apporter une touche acide mais aussi en pharmacopée pour ses propriétés analgésiques et antipyrétiques. Toxique, il est produit par certains bouleaux ou les noyers lorsque des insectes dévorent leurs feuilles.
Synonymie et discussion
A sa description, en 1852, Stanhopea tigrina var. superba désignait tout comme Stanhopea nigroviolacea des formes aux fleurs de grandes tailles, aux pétales et sépales uniformément colorés mais cette variété qualifie aussi aujourd'hui, et à tort, les rares formes aux pétales et sépales finement maculés, à l'inverse de Stanhopea nigroviolacea.
En conclusion, l'état des recherches actuelles n'ont pas mis en évidence une autre espèce affiliée à Stanhopea tigrina et les variétés aux fleurs uniformément colorés, finement pointillées ou aux colorations intermédiaires sont de simples formes de Stanhopea tigrina Bateman ex Lindley 1838. L'ensemble des taxons suivants sont donc à considérer comme synonyme de Stanhopea tigrina :
Stanhopea tigrina var. atrata hort. ex Loddiges 1844
Stanhopea tigrina var. aurea hort. ex Stein 1892
Stanhopea tigrina var. aureo-purpurea Ch.Morren 1845
Stanhopea tigrina var. grandiflora hort.ex Hennig
Stanhopea tigrina var. grandiflora hort. ex Stein 1892
Stanhopea tigrina var. grandiflora hort. ex De Duren 1884
Stanhopea tigrina var. grandiflora superba hort.ex Cogniaux 1902
Stanhopea tigrina var. latimaculata hort. ex Dietrich 1855
Stanhopea tigrina var. luteolo-violacea Ch. Morren 1845
Stanhopea tigrina var. lutescens B.S.Williams 1851
Stanhopea tigrina var. major hort. 1861
Stanhopea tigrina var. major superba hort. ex Josst 1851
Stanhopea tigrina var. nigropurpurea hort 1861
Stanhopea tigrina var. nigroviolacea Morren 1845
Stanhopea nigroviolacea Morren ex Beer 1854
Stanhopea tigrina var. speciosa hort. 1855
Stanhopea tigrina var. splendens Kraenzlin 1907
Stanhopea tigrina var. superba hort ex Henshall 1845
Stanhopea tigrina var. superba hort ex Planchon 1858
Stanhopea tigrina var. superba van Houtte 1851
Distribution et écologie
Stanhopea tigrina est endémique au Mexique, elle se rencontre le long des versants orientaux du plateau central mexicain entre 1000 et 1800 mètres d'altitude depuis l'état de Tamaulipas au nord jusqu'à l'état de l'Oaxaca au sud.
Epiphyte et quelquefois lithophyte, elle colonise les forêts mésophiles de chênes et de liquidambar des zones montagneuses, accidentées et creusées par les rivières tumultueuses de la Sierra Madre Oriental où l'enclavement et l'eau en perpétuel mouvement assure une humidité constante.
De belles cascades font souvent parti du décor, comme à Texolo ou à Apulco, apportant un crachin en continu aux forêts en contrebas. En plus de cette fine bruine, ces régions reçoivent en moyenne 2500mm de précipitation avec une période plus sèche, de février à mai.
Stanhopea tigrina s'établit en épiphyte sur des branches ou directement au tronc des arbres à quelques mètres du sol en situation toujours bien ombragée. Elle fleurit en été durant les mois de juillet et août. Son pollinisateur est Euglossa viridissima.
Conservation et menace
Stanhopea tigrina est largement répandue dans les collections et n'est donc pas menacée. En revanche, la situation in-situ est très critique, de nombreux facteurs tendent à la faire disparaitre de son habitat naturel et elle figure aujourd'hui parmi la liste des espèces mexicaines en danger, la norme NOM-059-SEMARNAT-2001 où elle apparait dans la catégorie des plantes menacées (A), niveau 2 sur 3. Son reclassement dans la catégorie des espèces en voie d'extinction (PR), soit le niveau d'alerte maximum, est suggéré.
L'espèce a un grand intérêt horticole ce qui a entraîné des collectes démesurées au XIX et XXème siècle décimant ainsi les populations. Puis, avec l'essor des populations humaines et la transformation de leurs activités pesant toujours plus sur l'environnement s'en est suivit une drastique réduction de son habitat, initialement déjà très limité.
La viabilité de la vingtaine de populations est aujourd'hui menacée. En effet, l'espèce est devenue rare dans ses stations et la floraison ne durant que quelques jours, la probabilité que les quelques spécimens survivant fleurissent simultanément est très faible. Une fécondation croisée entre spécimens qui garantit un brassage génétique et pérennise une population devient alors trop rare.
Heureusement, certaines stations bénéficient d'une protection comme la réserve de la Biosphère El Cielo dans l'état de Tamaulipas ou la Sierra Gorda de Querétaro mais elles restent pour la plupart dans des zones où les terrains sont privés et la végétation altérée.
LAS ORQUIDEAS DE MEXICO - 2007 - Hagsater, Soto, Salazar, Jimenez, Lopez, Dressler
THE STANHOPEA BOOK - 2010 - Jenny
ICONES ORCHIDACEARUM - Fascicle 5&6 - E. Hagsater, M.Soto
EL AROMA FLORAL DE LAS STANHOPEAS DE MEXICO - Gerlach 2010 -
EL BOSQUE MESOPHILO DE MONTAÑA EN EL MUNICIPIO DE LANDA DE MATAMOROS, QUERETARO, MEXICO - 2002 - S. Cartujano,S. Zamudio, O. Alcantara, I. Luna -
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