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28 novembre 2011 1 28 /11 /novembre /2011 17:20
       
    Bonsoir,

Continuons ce voyage en nous dirigeant vers l'ouest, en direction du Costa-Rica, pour visiter trois sites d'exceptions : le Parc National "Altos de Campana", la Région de "El Valle" et le Parc National "El Copé" encore situés dans les provinces de Panama et Coclé. 

Cette région centrale du pays concentre des centaines d'espèces d'orchidées qui affectionnent, pour la majorité d'entre elles, le climat tempérée et humide de ces montagnes entre 800 et 1200 mètres. 
 
Le premier site en quittant Panama City et en empruntant la panaméricaine vers l'ouest est le parc "Altos de Campana" qui fût le premier parc national du pays, crée en 1966. Il couvre près de 5000 hectares, sa température moyenne est de 24°C et 2500mm d'eau tombe en moyenne chaque année.

Son attrait, au-delà de la richesse de sa faune et flore, est la magnifique vue panoramique depuis le sommet du Cerro la Cruz sur les deux océans lorsque le ciel est suffisament dégagé.
 
Vue-sur-le-Pacifique.jpg
 
Le point culminant du parc est le sommet du Cerro Campana à 1030m d'altitude. Il est recouvert d'une forêt de mousse abondante en broméliacées, orchidées et autres épiphytes. 26 végétaux endémiques au Panama sont ici présents.
 
    Habitat-hernandezii_clip_image001_0005.gif
 
En continuant un peu plus vers l'ouest, on arrive dans la région d'El Valle, un ancien volcan aujourd'hui recouvert de végétation. Le village d'El Valle s'est établi dans le cratère et il est entouré de dômes qui offrent de nombreuses possibilités de randonnées. Le dôme le plus haut, au nord du village, est le Cerro Gaital qui atteint 1185 m d'altitude. Un autre grand classique du coin à l'ouest du village est la India Dormida, un montagne dont la ligne de crête dessine la silhouette d'une femme couchée sur le dos.

La région d'el Valle offre une grande biodiversité et est un peu "la Mecque" de l'orchidée au Panama en raison du nombre impressionnant d'espèces que l'on rencontre ici mais aussi de son marché au fleur qui a lieu les week-ends, où de nombreuses orchidées
de la région sont proposées.

Encore plus à l'ouest, les montagnes commencent à prendre un peu de hauteur et l'on rencontre le parc national El Copé également appelé le parc national Omar Torrijos en hommage au Général qui s'y écrasa en avion en 1981. Isolé et un peu difficile d'accès en raison de la piste non goudronnée sur plusieurs kilomètres qui impose le 4x4, il en vaut cependant largement la peine en raison des nombreuses espèces que l'on rencontre encore une fois ici et la quiétude des lieux.

Le parc n'a été créé qu'en 1986. Il bénéficie de bonnes infrastructures et l'on peut y passer ainsi plusieurs jours en immersion totale au calme à un prix très modeste contrairement à la région d'El Valle, beaucoup plus touristique.
       
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Les Stanhopeinae de la région

Ces montagnes qui se succèdent au centre du pays à des altitudes moyennes sous un climat tempérée et humide sont largement recouvertes de forêt de brumes favorables à un nombre impressionnant de Stanhopeinae.
 
Stanhopea

Les Stanhopeas comptent plusieurs espèces avec Stanhopea panamensis, encore abondant entre 900 et 1000 mètres d'altitudes, Stanhopea costaricensis à des altitudes légèrement plus basse (600-700 m), S. confusa, S. gibbosa, plus rarement S. ecornuta et bien sûr S. maduroi qui n'a été reporté que des forêts au nord de el Valle et d'une zone frontalière avec la Colombie.


Stanhopea-maduroi.jpg
Stanhopea panamensis

L'espèce n'a été que récemment décrite par Williams & Whittens en 1988 et a été considérée jusque-là comme une espèce du complexe oculata ou elle a été confondue avec d'autres espèces du genre.
       
Elle se caractérise par de grandes fleurs blanches (13-15cm), un hypochile jaune et une maculation plus ou moins variable selon le spécimen. Certains spécimens sont dépourvus de toute macule, d'autres peuvent être finement pointillés et l'on rencontre aussi des formes aux macules très larges (5 à 8 mm de diamètre) plus ou moins denses. Je vous invite à faire un tour du côté du blog à Jean-Luc où différentes formes sont présentées (cliquez ici).

Stanhopea panamensis 1
Exclusivement épiphyte, l'espèce affectionne les zones très humides entre 900 et 1000 mètres d'altitude, le long des petits torrents de montagne dans des zones encaissées ou fortement ombragées, en sous-bois entre 1 et 3 mètres du sol.

Dans son habitat, l'espèce forme des spécimens peu développés mais florifères. Les pseudobulbes sont peu nombreux et de petite taille, la saturation en eau de son mileu ne justifiant pas le stockage d'une grande quantité d'eau. L'espèce se rencontre également en zone dégradée.

Il a également été observé que les spécimens soumis à un ombrage presque total sont tout aussi florifères que ceux plus exposés à la lumière. L'espèce est donc véritablement ombrophile et l'établissement des plantes à l'ombre n'est pas accidentel comme pour beaucoup d'autres espèces épiphytes où les spécimens en sous-bois, ne bénéficiant pas de suffisament de lumières, restent chétifs et stérils.

Une autre observation primordiale est la grande variabilité de la maculation des fleurs au sein d'une même population ce qui témoigne d'une bonne diversité génétique.

Enfin, nous n'avons observé aucun pollinisateur visitant les deux spécimens en fleurs que nous avons rencontrés, les pollens étaient encore en place à une heure avancé de la journée et aucune fécondation sur les spécimens déjà fanés n'a été constaté.
 
Stanhopea panamensis 2Stanhopea panamensis 3

   

   
Les autres Stanhopeinae de la région sont Gongora gibba, G. powelli et G. tricolor; Polycnis tortuosa, qui comme Paphinia sub-clausula, se rencontre à El Copé; Horichia dressleri du côté d'El Valle; deux espèces du genre Kegeliella, K. kupperii et K. atropilosa du côté du Cerro Campana et d'El Valle; Acineta meriyae  qui pousse au Cerro Campana en sous-bois sur les souches pourries des arbres tout comme Peristeria aff. pendula au sommet du Gaital; Sievinkingia fimbriata, suavis et butcheri, endémique à la région d'El valle et Houlettia tigrina, épiphyte dans les zones les plus humides et moussues de ces montagnes. 

Citons encore le genre monospécifique Coeliopsis avec son espèce C. hyacinthosma que l'on rencontre abondamment dans la région d'el Copé en épiphyte à quelques mètres du sol. 

Stanhopeinae 



D'autres espèces remarquables d'orchidées sont également présentes comme Ada allenii, Brassia arcuigera, Huntleya burtii, H. fasciata, Miltionopsis roezlii, Phragmipedium longifolium, des Catasinae comme Cycnoches guttulatum, des Lycastes ou encore les espèces du genre Oerstedella et les nombreuses espèces apparentées d'Epidendrum sans oublier les Maxillarias et l'immense famille des Pleurothalidinae. Ca fait beaucoup de monde...

Je propose de vous présenter encore quelques-unes de ces espèces rencontrées en fleurs lors de nos excursions en commençant par celles du genre Oerstedella, dont plusieurs espèces fleurissent au mois d'août. 
     
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Oerstedella pseudosuchumanniana, fuscina  et intermixta

Le genre Oerstedella rend hommage au botaniste danois Oersted et comprend 32 espèces qui sont pour la plupart d'anciens Epidendrums reclassés sous ce genre en 1981 par HAGSATER lorsqu'il révisa le genre.
Les espèces du genre se rencontrent du Mexique à la Bolivie mais l'essentiel des espèces sont mésoaméricaines et le Panama ainsi que le Costa-Rica constituent le premier centre de diversité avec 22 des 32 espèces.

Les Oerstedella présentent des pseudobulbes fins et allongés, des feuilles alternées, coriaces, oblongues à elliptiques et une inflorescence terminale, racème. Les fleurs ont des pétales et sépales à la texture très épaisse et un labelle divisé en plusieurs lobes, souvent trois. 

Nous avions rencontré Oerstedella wallisii  au Cerro Jefe (voir article précédent), une espèce que nous n'avons plus rencontré ici, en revanche, O. pseudoschumanianna abonde dans ces montagnes centrales et se rencontre aussi bien à l'état sauvage que dans les jardins des habitants. Cet Oerstedella est impressionnant par sa taille, qui peut atteindre aisément 2 mètres, et par le nombre de fleurs qu'une seule inflorescence peut développer formant alors de très jolies bouquets.

    
Oerstedella pseudoschummaniana 3
    Oerstedella pseudoschummaniana 1
L'espèce apprécie les zones exposées au soleil où elle ne bénéficie que d'une très faible protection par d'autres végétaux. Epiphyte, on la retrouve ainsi davantage en zone dégradée qu'en forêt primaire car les arbres restants bénéficient de beaucoup plus de lumières. La végétation basse et arbustive lui convient aussi et on la rencontre alors à hauteur d'homme.



Oerstedella fuscina est pour sa part beaucoup plus rare que Oerstedella pseudoschummaniana et surtout beaucoup moins prolifique. Nous n'en avons rencontré qu'une seule plante au sommet du Cerro Campana à 1000 mètres d'altitude, dans les zones les plus humides et moussues. Elle semble donc apprécier ombre, humidité et températures tempérées.

Oerstedella fuscina

Enfin, nous avons rencontré un troisième Oerstedella en fleur à cette saison. à El Copé où il est commun. Il s'agit de Oerstedella intermixta.

Epiphyte dans des zones bien exposées et ventilées par des vents humides, il se rencontre parmi les arbustes le long des talus ou en forêt.

Oerstedella intermixta  
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Brassavola nodosa

Une autre Laellinae de la région mais de basse altitude est Brassavola nodosa que l'on retrouve ici épiphyte formant d'impressionnant spécimens jusque dans les arbres des parcs et jardins municipaux comme à Penonomé ou même dans les ruines du quartier de Panama viejo à Panama city.

Brassavola nodosa est une espèce tolérante très largement répandue du Mexique au Brésil que l'on rencontre aussi bien lithophyte qu'épiphyte. Avec ses feuilles teretes, elle s'apparente à une plante succulente et supporte des conditions climatiques extrêmes ainsi qu'une certaine salinité de son environnement puisqu'on la retrouve en bord de mer à quelques mètres de l'eau salée parmi la végétation côtière balayées par les embruns marins.


L'espèce est aussi remarquable par son puissant et délicieux parfum qu'elle délivre à la tombée de la nuit.

Brassavola-nodosa.jpg



   
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Anacheilum crassilabia

synonyme : anciennement Encyclia, Epidendrum ou Prosthechea vespa

Encore une espèce largement répandue dans presque toute l'Amérique tropicale puisqu'on la rencontre du Costa-Rica au Pérou ainsi que dans les Antilles, à Cuba et dans les Guyanes.

Les formes rencontrées ici au Panama ont des plantes aux pseudobulbes courts et aux fleurs magnifiquement colorées et maculées comparé aux spécimens que j'ai pu rencontrer en Equateur aux pseudobulbes plus allongés, aux fleurs plus petites et légèrement pointillées. Epiphyte comme lithophyte, elle se rencontre aussi bien dans des zones préservées que dégradées.
 

Anacheilium crassilabium Anacheilium crassilabium

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Brassia arcuigera

synonyme : Brassia longissima

Impressionnante par la taille de ses sépales qui atteignent la trentaine de centimètres, nous avons pu observer avec émerveillement ce magnifique spécimen de Brassia arcuigera en fleur. Bercées par la brise, ses longs sépales confèrent une grâce et  une élégance unique à cette espèce. Un véritable joyaux de la nature qui dans son élément prend toute sa dimension !
   
Brassia arcuigera 2
Brassia arcuigera
   

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Maxillaria brunnea

Maxillaria brunnea est commune et se rencontre encore abondamment dans ses stations puisque ses fleurs de petites tailles en comparaison à ses larges pseudobulbes ont suscité peu d'émois chez les collectionneurs. L'espèce a été rencontrée dans les environs d'El Valle en zone dégradée et lumineuse mais aussi à El Copé en forêt primaire en bordure de torrent de montagne, à l'ombre et dans un environnement très humide. L'espèce semble donc très tolérante.
     
       Maxillaria brunnea 2
Maxillaria brunnea 1
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Maxillaria uncata

Un joli Maxillaria rencontré dans la région d'El Valle, ses fleurs étaient constamment visitées par son pollinisateur, Trigona fulviventris, une petite abeille qui s'engouffre jusqu'à la gorge du labelle à la recherche de la résine sécrétée par la fleur. Forçant l'accès, il provoque quelquefois la rupture de ce dernier.

Maxillaria uncata 1


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Masdevalia collina

Masdevalia chontalensis est l'espèce la plus commune, elle se rencontre abondamment dans les zones les plus humides et partage son habitat avec une autre espèce, Masdevallia collina, plus rare que l'on aperçoit ici avec son pollinisateur, le petit moucheron aux yeux rouges sur la photo.

       
Masdevallia-collina-2.jpg

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Habenaria monorrhiza       

C
ontinuons avec quelques terrestres.
 
Habenaria monorrhiza est une espèce très commune et largement répandue du Mexique au Pérou et dans les Antilles. Ici, elle se rencontre au bord des routes, le long des talus herbeux saturés en eau.


Habenaria-monorrhiza-copie-1.jpg
       
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Liparis nervosa

Le genre est largement répandu dans les zones tropicales du monde entier avec quelques 250 espèces le plus souvent terrestres mais ce genre est peu représenté au Panama avec seulement 5 espèces. 

Liparis nervosa se rencontre dans les environs d'El Valle aussi bien en pleine terre dans les zones dégagées que dans l'humus des fissures rocheuses.

Liparis-nervosa-copie-1.jpg

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Utricularia endresii

Pour terminer, voici une très jolie plante carnivore que l'on rencontre aussi bien épiphyte que lithophyte souvent parmi les mousses et les orchidées comme sur cette vidéo en compagnie de Masdevalia chontalensis.

Utricularia endresii
 


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Cerro Gaital

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Textes, vidéos et photos par Edouard, Rosabel, Fernand FARIA et Jean-Luc RUBRECHT. Toute utilisation et reproduction sans autorisation préalable est interdite.

 

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commentaires

G
Dear Bernard, your photoes of orchids in nature are tremendous!<br /> Thank you for the opportunity to watch orchids in their real life, so what is the most important and interesting.<br /> Galina
Répondre
E
Hi Galina,<br /> <br /> yes, orchids in their natural habitat are amazing !<br /> <br /> Thanks for your comment.<br /> <br /> Edouard
X
C'est un vrai paradis. @ plus
Répondre
J
Que du bonheur!! franchement c'est ce que je ressens en voyant ton périple, je t'assure c'est mon rêve, pas certain de le réaliser, crapahuter comme ça avec ma femme je ne suis pas certain qu'elle<br /> suivrait. Vous avez vu des brassées énormes
Répondre
E
<br /> <br /> Salut Bernard,<br /> <br /> <br /> Observé des orchidées in-situ n'est pas toujours très physique... certaines stations sont parfois très accessibles et d'autres, il est vrai, demande parfois bien des efforts. Tu n'imagines pas<br /> tous ce que l'on peut rencontrer simplement au bord des routes parfois... et franchement je pense que avec ta femme ça ne poserait aucun problème... d'autant plus quela perspective de les<br /> rencontrer dans leur élément donnent souvent des ailes.... A+<br /> <br /> <br /> <br />

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